Apprentissage Libertin - Chapitre 15
Apprentissage Libertin - Chapitre 15
Les affreux partis, je cognai encore longtemps contre la porte de l’église.
Finalement, un curé, sorti tout droit d’un ouvrage humoristique tant il présentait un physique bonhomme, vint m’ouvrir.
J’eus l’espoir fugace qu’il m’accueille les bras ouverts en me contant une bonne histoire mais, confirmant la maxime que la pie ne fait pas le moineau, il s’écria...
— Les lépreux c’est le jeudi! Fiche-moi le camp, sale engeance!
Sur ce, il me salua à la bretonne d’une paire de coups de pieds dans le ventre et, contrairement aux va-nu-pieds qui m’avaient traîné jusqu’à sa porte, le curé était chaussé de sabots de bois.
Reprenant mon souffle, j’apostrophai cet inhospitalier de Saint Jean d’un polémique...
— Il n’y a pas de lépreux en Bretagne!
— Il n’est pas de maladie que la Bretagne ignore!
Le curé voulut me claquer la porte au nez mais je tins tête.
— Je ne suis pas un lépreux, je suis un noble!
— Par les temps qui courent, tu devrais préférer la lèpre... Et puis, tu ne ressembles pas à un noble. Pas à un noble de grande lignée, en tout cas... Prouve-le moi, en répondant à cette énigme.
— J’écoute.
— Un petit marquis d’une hauteur d’une toise, ayant perdu un pied à la guerre, rencontre en chemin un grand bourgeois de six pieds, ayant naguère perdu une toise... Lequel des deux hommes est le plus grand?
— Le petit marquis, évidemment.
— Pourquoi?
— Un noble est exempt de taille!
Le curé s’inclina devant ma science.
— Entrez, messire... Soyez le bienvenu dans la maison de notre Seigneur.
L’ecclésiastique s’éloigna sans autre manière.
— Vous pourriez peut-être m’aider? lui demandai-je.
— Aide-toi, le ciel t’aidera...
— J’aurais cru l’Église plus charitable.
— Charité bien ordonnée, commence par moi-même...
Alors que je remontais la nef en rampant, pareil à un pathétique pèlerin de Padoue, je sentis des regards inquisiteurs posés sur moi.
Non sans mal, je finis par hausser ma dignité en grimpant sur un banc.
Aussitôt, un noble en costume d’apparat vint s’asseoir à mes côtés.
— Pauvre malheureux, que vous ont-ils donc fait? me demanda-t-il.
— Ce que vous voyez là n’est même pas le pire..., répondis-je.
Des murmures nerveux brisèrent le silence paroissial.
Sortant des ombres où ils étaient tapis, une dizaine de gentilshommes et quelques dames m’encerclèrent, tel notre bon roi après son bain.
— Comment vous appelez-vous? s’enquit mon voisin de banc.
— Je suis Émile, marquis de X, pour vous servir... Et, à qui ai-je l’honneur?
— Je suis le marquis de Daubenton-Censier... Je voyage en compagnie de madame la marquise.
Son épouse montra son visage ravagé autant par le chagrin que par l’âge.
— Nous avions armé un navire qui devait nous mener en Angleterre..., poursuivit le marquis de Daubenton-Censier. Mais, il a sombré au large de ces côtes du diable. Nous avons perdu notre fille Mathilde.
Le hasard que je fusse assis à la droite de mon beau-père d’un jour me sembla trop fortuit pour être vrai.
Cependant, Mathilde de Daubenton-Censier prit dans mon esprit les traits de la tendre baudruche que j’avais si gentiment dégonflée.
De son humour rosse, Dieu ne cessait de me tourmenter...
Je pris un air de circonstance et serrai la main de mon parent.
— Toutes mes condoléances, monsieur le marquis.
— Vous considérez que notre fille s’est noyée?
— Euh… Euh…
La marquise geignit de longs sanglots monotones.
Les parents ne peuvent se résigner devant la perte de leurs enfants.
Avais-je devant mes yeux le portrait de ma propre mère?
Décontenancé, je changeai de sujet...
— Ne craignez-vous pas que les insurgés finissent par venir nous chercher jusqu’ici? leur demandai-je.
— L’Église nous protège!
— Nous ne craignons rien!
— Nous sommes ici en terre d’asile!
— Ils n’oseront jamais!
— Il paraît qu’ils ont brûlé toutes les églises de Rennes, s’écria un berger à ces bergères.
— Aux chaloupes!
— Sauve-qui-peut!
— Les nobles et les enfants d’abord!
— Restez calmes, mes amis..., interpella le marquis de Daubenton-Censier. Vous savez bien que toutes les embarcations ont déjà sombré.
— Qu’allons-nous devenir? demanda un inquiet du fond.
Un long silence pesa sur la noble assemblée.
Soudain, mon cœur se mit à enfler.
Je fus pris d’un élan et d’une fièvre encore inconnus.
— Nous devons retourner à Paris pour organiser la contre-révolution! leur annonçai-je.
— Bravo!
— Bonne idée!
— Nous allons voler au secours du roi! poursuivis-je. Sait-on au moins où il se trouve?
— Il est ici! cria un noble.
— Le roi est ici?! m’exclamai-je.
Des murmures, puis, l’imbécile de corriger...
— Ah non, pardon... Je croyais que vous parliez de Lucien Duroi.
Ne voulant étouffer mon feu sacré, je repris le flambeau...
— Nous devons organiser une grande marche… Une longue marche… Jusqu’à Paris... Marche à laquelle se joindront tous ceux qui nous soutiennent. Notre grand nombre... La force de notre union... Seront notre défense!
— Pour un cul-de-jatte, vous n’en êtes pas à un paradoxe près..., ricana un défaitiste.
— Nous ne pouvons pas marcher... Nous n’avons plus nos chaises à porteurs, dit un pragmatique.
— Je vais abîmer mes beaux souliers! s’exclama un coquet.
— Ce ne sera pas aisé..., repris-je dans le même élan. Mais, songez à la gloire, au triomphe... Imaginez notre colonne brisant les défenses des insurgés, défilant sur les boulevards au cri de... À bas le peuple, vive la noblesse!
— Bravo! Bravo!
— Allons-y!
— À nous le pouvoir!
— Vive le roi!
— Vive la reine!
— Vive le dauphin!
— Vive la daurade!
Je ne me croyais pas l’âme d’un meneur mais à cet instant, je crus à un destin historique de libérateur.
J’étais peut-être l’un de ces êtres supérieurs qui mènent la nation au combat et dont le buste orne nos bâtiments publics.
— Allons enfants de la noblesse! hurlai-je, sans retenue.
À ma grande surprise, les nobles s’étaient éloignés et regroupés en petits groupes, me laissant en plan.
— En avant! Marchons sur Paris! criai-je, derechef.
Personne ne me suivit.
On me jeta à peine un regard.
Je tombai de mon banc et me mis à ramper vers la chaire, du haut de laquelle je comptais à nouveau les haranguer.
J’étais en train de gravir les marches qui mènent au maître-autel lorsque je sentis une présence.
Je levai les yeux.
Une jeune femme, assise sur un prie-dieu, se balançait d’avant en arrière en appuyant ignominieusement ses longues bottes de cuir noir contre l’autel.
Elle portait un pantalon de cavalier et une chemise bouffante.
Ses cheveux d’un roux incandescent étaient noués dans son dos par un grand nœud de velours noir.
Son visage, d’une carnation diaphane se parait de deux grands yeux de jais profonds et pétillants, d’un nez ténu, un tantinet aquilin, et de lèvres rouges, douces et avenantes.
Elle croisait les bras et tenait dans chacune de ses fines mains un énorme pistolet.
Cette apparition me stoppa net.
Cette femme, la plus belle, la plus radieuse que j’eusse vue de ma vie, m’observait de son regard espiègle.
— Ne vous fatiguez pas, monsieur..., me dit-elle. Ils s’organisent en coteries.
Elle avait une voix chaude et pure, une voix qui, accompagnée au clavecin, aurait su, d’un chant, faire vibrer votre âme.
— En coteries? balbutiai-je.
— Ils discutent pour savoir qui aura quoi du nouveau pouvoir... Voyez-vous, ces gens sont des loups et la France n’est à leurs yeux qu’un pauvre petit agneau. Non content de l’avoir brisé et déchiré de leurs crocs, ils veulent le dépecer, l’embrocher, le rôtir et le vendre aux marchands des rues pour qu’ils le leur resservent dans un pain chaud garni d’oignons frits et de crème fouettée.
— Taisez-vous, madame! Vous me mettez l’eau à la bouche... Mais, qui… Qui êtes-vous?
— Je suis la marquise des Prés-Saint-Germain.
Elle me sourit, puis, de toute sa divine candeur confirma mes espoirs secrets en ajoutant...
— Je… Je… Suis libertine... Je suis une catin.
À ces paroles, mon cœur vacilla.
Je fus pris du désir fou de m’unir, quoiqu’il advienne, au destin de cette merveilleuse coquine.
Si dans le marquis du Picquet-de-la-Motte, j’avais trouvé mon maître, dans la marquise des Prés-Saint-Germain, j’avais trouvé ma muse.
— Madame, je… Je ne sais quoi dire.
— Alors, n’en dites rien à personne... Ces nobliaux, depuis qu’on les pourchasse à coups de fourches, blâment les libertins pour tous leurs malheurs en se réfugiant dans une dévotion démodée.
— Je veux dire, madame… Que je le suis également.
— Dévot?
— Libertin.
Elle éclata de son petit rire si délicieux.
— Vous êtes un libertin? me demanda-t-elle.
— Cela ne se voit pas?
Elle se pencha en avant et vint coller son visage à quelques centimètres du mien.
Je sentis son merveilleux souffle chaud sur mes lèvres.
— En effet, je vois dans vos yeux que vous avez vécu des aventures à peine concevables pour le commun des mortels.
— Je vous l’avais bien dit...
— Très bien! Joignez-vous à moi, cher marquis de X... Nous unirons nos goûts pour la liberté dans un tourbillon de stupre et d’immoralité.
— Et plus concrètement?
— Vous aviez raison lorsque vous parliez de vouloir retourner à Paris... Dans la capitale, nous nous délecterons de cent forfaits. Nous nous mélangerons à la masse des insurgés pour commettre mille rapines. Partons sur-le-champ... J’ai déjà dérobé les trésors de la sacristie. Je termine de détrousser ces misérables aristocrates et nous filons dans la nuit...
— Faites de moi votre esclave! Je vous suivrai en enfer...
— On verra bien où tout cela nous mène. En attendant, je vous charge des chevaux. Trouvez-nous deux rapides coursiers car j’ai le violent désir de chevaucher à bride abattue jusqu’à m’en faire jouir!
— Dans mon état, l’équitation..., précisai-je. N’est pas vraiment recommandée...
— Je vous sanglerai à la selle. Allons, pas de tergiversations... Je vous retrouve derrière l’église dans un quart d’heure.
— Disons, une demi-heure...
— Entendu, cela me laissera le temps de gratter les dorures. Allez, filez!
Je me remis à me traîner comme un pauvre diable.
Comment allais-je m’y prendre?
Trouver deux chevaux, les seller, les harnacher, grimper sur l’un et mener l’autre derrière l’église sans compter que, sans le sou, je devrais probablement les voler.
La tâche me sembla surhumaine.
Comme toujours, les libertins demandaient de moi l’impossible.
En quittant l’église par cette nuit d’encre, je sentis que le temps était à l’orage.
Sans me hâter, je tendis d’abord l’oreille à l’écoute de hennissements.
Ma bonne fortune me sourit car, en levant simplement le nez de la boue, je vis un énorme panneau, peint de frais, affichant « écurri » en grosses lettres blanches.
Ce devait être l’un de ces établissements qui louent des montures aux estivants fortunés car une inscription pareille, du fait de l’illettrisme légendaire des Bretons, était pur gaspillage.
L’optimisme me revint et, en chemin, j’élaborai le discours de ma négociation où je louais les montures contre une lettre de ma main pouvant faire l’objet d’une encaisse.
Mes coursiers, j’étais prêt à les payer hors cote.
Et avec un peu de chance, le loueur ajouterait peut-être un chariot de cul-de-jatte pour toper le marché.
À cette heure tardive, la grand-rue était déserte.
Je m’y engageai.
Ma technique de déambulation prenait du caractère et je jouais des coudes en virtuose.
Usant de très peu de leur huile, j’atteignis une vitesse de pointe assez phénoménale et ceci malgré la boue fangeuse qui semblait satisfaire le cantonnier local.
J’étais à dix coudées de mon but lorsque, sans crier gare, un carrosse monstrueux surgit du haut de la rue.
En aparté, je trouve particulièrement honteux que ces véhicules soient autorisés à chevaucher à de pareilles vitesses dans les agglomérations.
Et après, l’on s’étonne d’y voir des accidents...
L’arrivée de la voiture me prit complètement par surprise.
Je criai en levant un bras afin que le cocher s’écartât.
Le chauffard ne me vit qu’au dernier moment et tira fermement sur ses rênes.
Il aurait probablement mieux fait de poursuivre sa course...
L’attelage fit un écart et je sentis des sabots qui me frôlaient.
La malchance d’être écrasé par un cheval est très faible.
Ce brave animal, d’ailleurs fort intelligent, possède un sens inné du terrain et ne poserait jamais un sabot sur un relief inconnu qui pourrait le déséquilibrer.
Ce qui n’est pas le cas des essieux.
Je hurlai de terreur à l’approche de la roue de mon infortune.
Je sentis le bandage me mordre le bras gauche et le poids de l’engin me le broyer en s’y arrêtant.
D’un bond, le cocher sauta de son poste alors que j’avais le bras toujours écrasé sous sa roue.
Pensez-vous qu’il aurait eu l’idée d’avancer d’un mètre pour me soulager?
Que nenni, cher lecteur...
Sourd à mes souffrances, l’ignoble chauffard inspecta l’état de ses chevaux.
Au son de mes hurlements de douleur, les habitants finirent par sortir de leurs maisons, alléchés par le spectacle gratuit de ma tragédie.
Finalement, un garçon d’écurie, au bon cœur, tira le carrosse pour libérer mon bras violenté.
Et le cocher de dire, en me voyant...
— Nom de dieu, j’ai roulé sur un quidam!
— C’est affreux, il n’a plus de jambes, ponctua une ménagère.
— Où sont les jambes? s’écria le garçon d’étable.
— Elles ont été tranchées nettes!
— Faut vite les chercher!
— Pourquoi faire?
— Je les vois pas!
— Y’a peut-être un chien qui les a boulottées!
— C’est peut-être bien un cul-de-jatte, répliqua le garçon d’écurie décidément bien malin pour un indigène.
— Pour sûr, il a les jambes du pantalon cousues...
— Où est son chariot?
— Ah, si c’est un cul-de-jatte, je ne suis pas responsable..., se défendit le cocher. Son chariot avait qu’à être éclairé.
— C’est un véhicule immatriculable?
— Et comment! s’écria le cocher, devant témoins.
— Qu’est-ce qu’on en fait?
— Il a l’air mal en point.
— Son bras est tout abîmé...
— Appelons le rebouteu’.
— Qui va le payer?
— Et puis d’abord, c’est qui ce cul-de-jatte?
— Il est pas de chez nous... On a pas de cul-de-jatte.
— On a des borgnes.
— On a un unijambiste mais il est pas encore cul-de-jatte...
— C’est un étranger!
— Ben alors là, si en plus c’est un véhicule étranger... Je ne suis pas responsable, répliqua le cocher.
— Qu’est-ce qu’on en fait?
— C’est que le rebouteu’, y soigne pas les étrangers.
— On pourrait le jeter à la mer avec les autres.
— C’est pas un aristo!
— Rien ne prouve le contraire.
— Les aristos culs-de-jatte, ça n’existe pas!
— Ces aristos y z’arrivent déguisés en n’importe quoi... L’autre jour, j’en ai vu un en bonne femme.
— Je te répète qu’il était pas déguisé!
— Ah ces parisiens, qu’est-ce qu’i’vont pas inventer...
Alors que chacun y allait de son anecdote sur la noblesse en folie, un coup de pistolet assourdissant retentit, provoquant aussitôt un silence apeuré.
Grimpée sur le toit du carrosse, masquée d’un loup noir et pointant ses pistolets sur la foule, je reconnus aussitôt la marquise des Prés-Saint-Germain.
Mon cœur se mit à battre la chamade.
La vue d’une femme, bottée de cuir noir, dominant si fermement une situation, me donnera toujours des frissons.
— Le premier qui bouge, je lui brûle la cervelle..., menaça la marquise.
Et forcément un facétieux de répondre...
— Eh, m’dame, y’a petit Louis qui s’est gratté les fesses!
— Silence les bouseux!
Elle tapa de sa botte le toit du carrosse et ordonna...
— Terminus, tout le monde dehors!
Je vis la portière s’ouvrir et en descendre une famille de hobereaux obèses s’obstinant à objecter l’ordre obséquieux de mon opale.
— C’est bourré d’aristos! s’écria un badaud.
— À la lanterne! À la lanterne!
— On a pas de lanternes!
— Jetons-les dans le puits!
— Ils sont bien trop gros, i’vont le boucher...
Et à nouveau chacun d’y aller de sa méthode pour éliminer la classe dirigeante.
— Silence! cria ma belle marquise. Qu’ils aillent dans l’église trouver refuge!
— C’est pas juste, tout le monde y pendouille de l’aristo sauf nous..., commenta un paysan, dépité.
— Tais-toi, le bavard, et porte le blessé dans le carrosse, lui ordonna mon admirable compagne.
— Ah non, je ne touche pas à un cul-de-jatte... Ça porte malheur, répliqua l’affreux bavard.
— Dépêche-toi ou ton malheur sera le plomb que je vais te loger dans la tête.
— Ah, misère!
Le rustaud m’empoigna comme un sac de son et me jeta en travers du plancher du carrosse.
D’un geste, la marquise des Prés-Saint-Germain y jeta l’épais sac de ses rapines qui retomba lourdement sur mon torse.
Elle prit la commande des rênes et, cinglant d’un coup de fouet la croupe des chevaux, cria aux rustres...
— Adieu bougres et bougresses, on se reverra en enfer et là, je serai moins clémente!
Secoué comme une pauvre bavette dans la poêle, non beurrée, d’une cuisinière débutante, je tentais de survivre à chaque cahot.
À la sortie du village, ma maraude marquise se pencha à la fenêtre.
J’eus à peine la force de la saluer de ma main indemne.
— Je vous demande deux chevaux et, vous, vous me ramenez tout l’équipage... Bravo, mon ami! Vous êtes un homme de parole ce qui est plutôt rare chez les libertins. Allons, courage... Nous serons bientôt à Paris.
Elle me tourna le dos, claqua son fouet comme personne et se mit à chanter une aria désenchantée.
Paris...
Le nom restait suspendu dans l’air comme un mauvais génie aux désirs inassouvis.
De la Bretagne, Paris c’est l’autre bout du monde.
Pourrais-je survivre à un pareil trajet?
J’eus beau essayer de jouir de la douleur telle que me l’avait prescrit le marquis de Rollin-Ledru, tout plaisir était au-dessus de mes forces.
Je me laissai torturer et finis par sombrer dans ce délire, frère de la mort, que je connaissais comme le mien.