Apprentissage Libertin - Chapitre 20
Apprentissage Libertin - Chapitre 20
Mon premier réflexe fut de me dissimuler le visage et d’agir comme si elle m’était étrangère...
Mais, je savais qu’elle m’avait reconnu.
Je corrigeai mon apparence et, calmement, je lui dis...
— Bonjour, Isabelle.
— Mon Dieu, Émile... C’est donc bien toi.
— Tu n’as pas changé, tu sais.
— Euh… Toi, non plus... Enfin, tu n’as presque pas changé. Mais que t’est-il arrivé?
— Je suis devenu un libertin.
Isabelle ouvrit de grands yeux...
Les nobles qui, naturellement, écoutaient tout ce qu’on se disait, échangèrent des murmures sous-entendus.
— Ton père nous a dit que tu étais parti en Nouvelle-France tenter ta chance.
— Il n’a pas voulu vous dire la vérité... J’avais pourtant laissé une longue lettre expliquant clairement mon choix de vie.
— Pourquoi?
— À cause de toi...
— À cause de moi?
— Oui.
— Je ne comprends pas.
— Parce que je t’aimais.
Nouvelle réaction choquée du public...
Bon sang, que l’humanité aimait à se mêler des affaires des autres...
On pourrait imaginer qu’à la veille de leur exécution, les condamnés seraient plus préoccupés à faire la paix avec eux-mêmes.
— Assieds-toi près de moi... Nous parlerons à voix basse, recommandai-je.
— Mais, c’est tout sale!
— Alors, aide-moi, s’il te plaît, à me relever...
La douce jeune femme me prêta main forte.
Je pus me redresser.
Nous fûmes, enfin, face à face.
Même dans cette auge, elle sentait bon...
— Si tu m’aimais pourquoi es-tu parti? reprit-elle.
— Parce que tu ne m’aimais pas.
— Mais c’est faux… Je t’aimais… Je t’aime beaucoup. Tu es comme mon frère.
— Eh bien justement, ce n’est pas de l’amour fraternel que je voulais.
— Comment?
— Je voulais ton cœur…
Je fis un pas maladroit vers Isabelle tout en ajoutant fougueusement...
— Je voulais toucher ton…
Ma joue s’enflamma d’une gifle que je n’avais même pas vu venir.
— Toucher ton âme..., poursuivis-je.
— Mais, pourquoi partir?
— Pourquoi rester? Je n’avais plus d’espoir... Le libertinage m’aiderait à t’oublier.
— Le libertinage?… Mais, ce sont des gens dégoûtants. Je ne peux pas m’expliquer ton geste.
— Nous autres, les hommes, sommes différents de vous... Notre patience se heurte à nos tourments intérieurs.
— Et c’est dans le vice que tu as perdu tes bras et tes jambes? Tu dois être affreusement malade...
— Crois-le bien... J’ai été puni.
Je baissai les yeux sous le fardeau de mes inciviles inclinations.
— Nous avons tous été punis..., me consola Isabelle. Regarde où nous nous retrouvons... C’est affreux.
— Que t’est-il arrivé? N’avez-vous pas réussi à fuir?
— Nous avions rempli trois carrosses d’or et nous roulions vers la Suisse... Mais, nous étions tellement lourds qu’un essieu s’est brisé avant la frontière. Ensuite, nous avons été attaqués par des brigands... Ils ont tout volé... Et... Et, ils nous ont soumis à des outrages…
La jeune femme pâlit en évoquant ce douloureux souvenir.
— Des outrages? Quels genres d’outrages?
Mon imagination galopait à bride abattue.
Au détour d’un chemin, je visualisais furtivement une agression indécente...
Un raidissement de ma part...
— Ensuite, nous avons été arrêtés et des soldats nous ont ramenés à Paris..., poursuivit-elle. Longtemps, notre sort fut incertain. Tout s’est calmé puis, après une campagne d’un pamphlétaire contre la traite des noirs, des inconnus sont venus dans la nuit et ils ont saccagé la maison. Ils ont tué ton père, ta mère et quelques valets... Ta sœur et moi avons été emmenées…
— Mon dieu... Mais, qu’est-ce qu’ils vous ont fait?
— C’est trop horrible... Je ne peux pas te le dire.
— Mais si, tu le peux très bien.
— Non, Émile!
— Tu as raison... Ne parlons plus du passé, il n’est que trop tragique. Notre avenir? Nous voici, tous deux, à la veille de notre mort, meurtris par le destin… Je crois que c’est un signe... La fatalité, ou Dieu, ou autre chose encore, a voulu que nous soyons au moins une dernière fois ensemble… Isabelle, je t’aime toujours... Je n’ai cessé de penser à toi…
Je voulus lui prendre la taille.
Une seconde gifle siffla.
Elle fit moins mal que la première.
— M’aimes-tu, Isabelle? M’aimes-tu comme on aime un mari?
Elle puisa un instant dans son cœur à la recherche de la vérité.
Elle remonta dans son seau une collection de sentiments hétéroclites.
— Je ne sais pas..., me répondit-elle.
— Cessons ces enfantillages... Marions-nous, ici, devant Dieu, et ce sera au moins une faible lumière dans nos pauvres existences. Je t’aime, Isabelle... Je veux t’épouser… Nous aurons cette dernière nuit d’amour pour tout oublier.
Je fermai les yeux en anticipant la gifle.
— C’est trop tard, Émile... Et puis, tous ces gens…
— Nous leur demanderons de tourner le dos... Cela se remarquera à peine.
La troisième gifle arriva enfin.
— Tu as raison..., repris-je. Je divague. Je déraisonne. Depuis que je suis enfermé derrière ces murs, je suis rongé par la démence. À présent que tu partages ma compagnie, je suis de surcroît prisonnier d’un songe cruel et moqueur. Attendons la mort, tout simplement...
— Si on se sauvait?
— Je ne vois pas bien comment, répondis-je, fataliste.
— Moi, si justement... Ils n’envoient pas tout le monde au bourreau. Les jeunes femmes sont séparées et emmenées aux Amériques pour se prostituer.
— Se prostituer?
— Aux Antilles...
— C’est un destin pire que la mort, m’offusquai-je.
Isabelle plaqua ses petits poings contre ses hanches.
— J’aime mieux ça que d’avoir la tête tranchée!
— Eh bien, débute ta carrière immédiatement... Je n’ai pas de pièce sur moi mais, au nom du passé, tu peux certainement me faire crédit.
La gifle fut cinglante mais méritée.
— Eh bien, te voilà sauvée..., lui signifiai-je, dépité. Tes charmes seront ton sauf-conduit... Ta vertu, ton passeport...
— Tu peux aussi te sauver, Émile... En te costumant en femme, tu pourrais te joindre à notre groupe.
— Moi? En femme?
— L’affaire n’est pas si difficile.
— Regarde mes béquilles, mes crochets… Je ne suis qu’un demi-homme, alors ne parlons pas d’une demi-femme.
— Ce n’est pas cela qui les intéresse.
— Justement, quand ils examineront de très près leur intérêt... Ils ne trouveront que trop de choses.
— Ils ne regardent que les dents.
— Les dents?! Ah, ces Antillais ont de drôles de mœurs...
— Nous ruserons.
— Cela me semble très risqué.
— Que risques-tu? Tu vas mourir demain...
— Tu as raison mais je crois que je préfère la hache du bourreau au hachoir d’un boutefeu, trompé sur la marchandise.
— Si tu ne viens pas avec moi, je reste ici...
— Va faire ta vie aux Amériques, tendre Isabelle... À défaut de l’avoir belle, tu l’auras sauve.
— Non! Pas sans l’homme que j’aime...
Ses paroles spontanées, jaillissant du fond de son âme, me sonnèrent comme une gifle céleste.
— Tu… Tu… Tu m’aimes?
— Oui, je t’aime Émile... Je t’ai toujours aimé mais je ne voulais pas que tu imagines que…
— Que quoi?
— Que ce soit facile... Comprends bien que j’avais des doutes sur tes intentions... Je voulais que tu m’aimes pour qui je suis.
— Je t’aime pour qui tu es! Je suis à toi! Je ferais tout pour toi!
Troublée, Isabelle posa un chaste baiser sur ma joue.
Je crus que les murs de la prison allaient s’écrouler.
Notre auditoire de nobles se mit à applaudir devant ce modeste étalage d’affection qui éloignait si vaillamment le désespoir de leur univers obscur.
Je tendis l’autre joue, pour une seconde bise, mais Isabelle me repoussa.
— Ne perdons pas de temps! s’agita-t-elle. Nous allons trouver de quoi t’habiller... Ah, si seulement nous avions deux beaux fruits.
— Des fruits?
— Des melons ou des poires.
— Je croyais qu’ils ne regardaient que les dents.
— Ne prenons pas de risques.
— Que pourrions-nous utiliser?
— Je sais, dans l’abreuvoir... Tu n’as qu’à prendre les deux gros rats crevés. Ils sont tout enflés.
— Et pour la robe?
— Dans le fond, là-bas, gît le cadavre d’une femme... Tu prendras ses vêtements. Allons, ne fais pas cette tête horrifiée... La liberté est à ce prix.
Nous mîmes aussitôt notre plan à exécution.
Je trouvai le résultat final assez pitoyable.
Isabelle m’assura que tout irait pour le mieux.
La perspective d’être embarqué sur un navire débordant de jeunes et jolies dames de compagnie n’était pas pour me déplaire.
J’inventais déjà comment, suite à une insurrection de mes galantes, je prenais le commandement du navire.
Sous mes ordres, nous jetions aux requins les derniers marins et nous voguions à la découverte d’une île déserte que nous repeuplions avec assiduité.
Ah, si seulement j’étais resté chez moi...
J’aurais pu m’atteler à la rédaction de pareils romans.
Moins vaniteux, j’aurai pu lentement m’élever au rang des grands romanciers anonymes.
Isabelle serait devenue l’héroïne de tous mes livres.
Maître de l’ouvrage, j’aurais connu, à satiété, l’intimité de son cœur.
La réalité ne menait qu’à la prison et à la mort.
L’imagination menait au paradis des immortels.
Mes habits de femme étaient trop serrés.
Nous avions dû nous battre avec le mari de la défunte pour lui arracher ses vêtements.
Heureusement, Isabelle, subitement pleine de ressources, avait réussi à convaincre un des criminels du troisième groupe d’opérer une dernière fois dans sa profession et de littéralement détrousser la pauvre défunte, non sans avoir préalablement assommé le mari.
Quel avait été son salaire pour ce travail?
Occupé à m’arracher les poils de barbe en usant du rebord à peine aiguisé d’un de mes crochets, je ne pus qu’imaginer l’hypothétique faveur licencieuse qu’offrit Isabelle en retour.
Si tel avait été le cas, elle ne se préparait que trop bien pour sa future profession...
Tout ceci était horriblement frustrant, je vous le jure.
Les rats crevés en guise de poitrine féminine étaient une bonne idée, sauf qu’ils grattaient affreusement et sentaient mauvais.
Pour ce qui est de mes béquilles, elles resteraient le plus souvent cachées sous ma cape.
À cette époque, les estropiées étaient monnaie courante.
Isabelle me coiffa d’un bonnet.
En frottant mon visage de terre, elle en adoucit les traits virils.
Elle me conseilla de beaucoup sourire et d’exhiber mes dents que j’avais toujours soignées.
Au milieu de la nuit, une effervescence agita la salle.
Le moment était venu et je me mis à trembler de peur.
Je ne craignais pas la mort mais les tortures physiques en cas de découverte de notre supercherie.
J’avais lu que les tortionnaires aimaient particulièrement arracher un à un les ongles des suppliciés à l’aide d’énormes tenailles.
Le fait que je n’avais plus d’ongles fut un énorme soulagement.
Le geôlier se fraya un passage à coup de bâton.
Il ordonna aux femmes de moins de trente ans de le suivre.
Des hommes maugréèrent pour la bonne forme.
Beaucoup étaient soulagés de voir leurs chères moitiés sauvées.
Nous fûmes témoins de tragiques embrassades que le gardien jubilait à briser de son nerf de bœuf.
J’en profitai pour me mêler au groupe des femmes.
Malgré la surveillance du geôlier, je franchis les grilles sans être démasqué.
Le cortège des femmes longea plusieurs couloirs humides.
Nous débouchâmes finalement dans une grande salle voûtée et mal éclairée.
Trois militaires, commandés par un officier, nous attendaient en affichant des airs de bêtes.
Ces soldats, en uniformes du roi, les insignes en moins, étaient débraillés et négligés.
Ils ressemblaient à des brigands de grand chemin tout juste bons pour la potence.
Assis sur une barrique dans une position immodeste, l’officier lampait son vin au goulot.
Les soldats commencèrent à nous trier en deux groupes...
Les aptes au voyage, d’un côté, les rejets, de l’autre.
Je gardai la tête baissée lorsque soudain, je sentis un soldat m’éclairer de sa lanterne.
Mon cœur battait à se rompre.
Je levai le nez en exhibant autant de quenottes tremblantes qu’il était humainement possible.
Le militaire me toisa un long moment puis, criant en direction de l’officier, annonça...
— Celle-là, elle est moins moche que les autres...
Le goujat se mit alors à vouloir me tripoter.
Je jouai naturellement la prude.
— Hé, les gars... La bougresse a les seins velus! Oh, dis donc, ma cocotte... J’ai bien envie de te garder et de t’emmener chez moi. Tu sens un peu le rat crevé mais les odeurs, moi, j’aime ça.
Je pouffai en timide, en me cachant le visage d’un crochet.
— Boudiou! s’écria le soldat. T’y as laissé les mains dans un métier à tisser... Sales exploiteurs de manufacturiers! Et pourtant, je sais pas pourquoi... Ça m’excite!
Le soldat me tira à lui, cherchant d’une main avide à soulever ma jupe.
Je résistai de plus belle.
— Ah, elle rechigne devant l’obstacle... Tu me plais de plus en plus, ma vicieuse...
— Suffit, Chabat! ordonna l’officier.
— Si on peut plus rigoler..., se défendit le soldat Chabat. Enfin, les ordres c’est les ordres... Tant pis, ma belle... Allez, va te ranger avec les bonnes.
Je fondis de joie.
J’avais passé l’épreuve.
Je sentis un premier souffle de liberté sur mon visage.
La partie n’était pourtant pas jouée.
Le périple serait long jusqu’à l’embarcadère.
Et même après...
Le drame arriva lorsque l’officier ordonna...
— Le compte est bon! Ramenez ces sales gueuses au geôlier...
Quoi?
Comment?
Et Isabelle?
Ils n’avaient pas voulu d’Isabelle?
Une jeune femme si justement nommée...
— Non! hurlai-je, machinalement, de tout mon souffle.
L’affairement cessa aussitôt.
L’officier brisa sa bouteille vide contre le sol puis, affichant un air mauvais, s’approcha de notre groupe.
— Qui a dit, non?
Mes camarades d’infortune s’écartèrent et me montrèrent du doigt.
L’officier avança vers moi d’un pas sec.
Il se colla à cinq centimètres de mon visage et, de son haleine fétide, grogna, en tirant de sa ceinture un fouet qu’il serra entre ses doigts crispés...
— Et pourquoi, non?
— Vous avez oublié ma maîtresse, lui dis-je, en imitant une voix féminine qui n’était pas sans rappeler celle du marquis de Rochereau-Denfert lors de notre première rencontre.
— Ta maîtresse?
— Oui...
— C’est laquelle?
Je montrais Isabelle d’un crochet tremblant.
— Cette femme, citoyenne? m’interrogea l’officier. Tu la sers? Tu lui obéis? Tu es à son service?
— Oui.
— Eh bien, non! Non, citoyenne! Tout ça, c’est fini à jamais! Les Françaises sont libres et égaux, euh… Libres et égales... Enfin... Sache que, dorénavant, tu ne serviras personne d’autre que les clients du claque où je vais te vendre... As-tu compris, citoyenne?
— Oui, citoyen.
— Je suis capitaine, nom de dieu! Un peu de respect pour l’uniforme!
— Oui, capitaine… Citoyen-capitaine... Monsieur.
L’officier traversa ensuite la salle.
Il tira violemment Isabelle par le bras et lui cracha au visage...
— Quant à toi, sale affameuse, sale profiteuse, sale aristo… Je vais jouir de te voir décapitée en évoquant toutes les indignités que tu as fait subir à ta pauvre servante.
— Capitaine, ayez pitié de moi..., geignit Isabelle, en se jetant à ses pieds. Si je fus autrefois considérée noble ce n’était que par ma naissance... Est-ce donc un crime que de naître? Je n’ai rien fait à personne... Et ma citoyenne-servante vous dira tout le bien que je lui prodiguais.
— C’est vrai! dis-je, pour l’aider.
— Toi, silence! hurla l’officier.
— Messire capitaine, implora Isabelle, je ne souhaite que de vivre et je suis prête à tout… À tout… Quitte à offrir ma vertu à la grande armée française...
— Comment t’appelles-tu?
— Isabelle.
— Duchesse?
— Marquise de Y...
— Une marquise, hein?.. J’ai toujours rêvé de posséder, illégitimement, une marquise... Entendu, tu peux rejoindre ton ancienne citoyenne-servante et la remercier de t’avoir sauvé la vie.
À ces mots, tous les laiderons clamèrent en chœur qu’elles étaient toutes marquises ce qui encouragea le capitaine à, enfin, user de son fouet.
Par bonheur, ma bien-aimée et moi étions à nouveau ensembles.
Isabelle vint à mon côté.
Je vis une larme de joie couler le long de sa joue.
Je la fixai tendrement.
À la dérobée, elle posa un doux baiser sur mes lèvres...
L’instant fut le plus beau de ma vie.
Je ne sais pas ce qui me prit, ensuite, mais je fus saisi d’une véritable crise de folie amoureuse.
Je n’eus plus qu’une seule envie, celle de la serrer immédiatement dans mes bras.
Le sang qui bouillait dans mes veines faisait pomper mon cœur comme une machine à vapeur infernale.
Enlacée dans mes crochets, je ne cessai de couvrir Isabelle de baisers.
Elle voulut me repousser mais ma démence trop violente la subjugua.
Grisés par nos condamnables débordements féminins, les soldats nous applaudissaient et nous encourageaient.
Puis, le malheur arriva...
Voulant nous séparer, le capitaine tira sur mon bonnet qui lui resta dans la main.
— Qu’est-ce que c’est? s’écria-t-il.
Sans coiffe, je n’étais plus femme...
Je relâchai aussitôt Isabelle.
— Ah la vilaine, je commence à comprendre..., ajouta l’officier, en enroulant son fouet.
Dans ma folie charnelle, j’avais détruit l’unique chance de sauver nos têtes.
L’officier arracha le devant de ma robe.
Les deux rats roulèrent à ses pieds.
— Ben, cha alors! s’exclama le soldat Chabat.
— Je comprends tout à présent..., dit le capitaine à Isabelle. Tu avais une servante homme pour tromper ton monde... Tu es l’une de ces libertines à qui la morale et les mœurs indiffèrent... Eh bien, ma petite... T’envoyer au turbin serait te faire trop de plaisir. Allez, ramenez ces deux vicieuses au geôlier et prenez-en deux nouvelles pour faire le compte.
— Ça fait qu’on en ramène combien, chef?
— Les deux, ici, contre deux, de là-bas!
— Ça fait trois, ça!
Le capitaine nous bouta vers les rejets et fit l’opération mathématique lui-même.
Et c’est ainsi que, par ma faute, notre plan d’évasion échoua lamentablement...