Apprentissage Libertin - Chapitre 3
Apprentissage Libertin - Chapitre 3
Mes coliques taries, l’appétit et la soif m’assaillirent.
J’avais aussi le désir urgent de me réchauffer le fessier.
Toute épreuve est composée de petits malheurs et la nature était bien ingrate dans ce petit coin...
Pas la moindre feuille épaisse et douce...
Pas la moindre poignée d’herbes providentielle.
Je n’allais tout de même pas me rhabiller dans mon état, j’en aurais dansé la gigue toute la journée.
Je n’avais plus qu’à sacrifier mon magnifique mouchoir des Amériques filé d’un excellent coton de Saint-Louis par d’affreuses négrillonnes à cinq louis.
Malheur, je ne l’avais plus sur moi!
Je me souvins alors l’avoir laissé à sécher dans mon carrosse, l’ayant souillé à l’apogée d’une lecture licencieuse.
Diable, je n’avais en poche qu’un gros billet de banque et, comble de déveine, c’était mon dernier.
Je n’avais pas conçu m’en débarrasser si vite.
Qui ose dire que la vie en province ne coûte pas cher...
Ou, mieux encore, que l’argent ne fait pas le bonheur?
Par contre, il en aurait de l’odeur mais ça, c’était le prix à payer.
En chemin vers l’auberge, je m’imaginai le gueux fortuné qui ramasserait le papier-monnaie.
Il crierait au miracle puis, découvrant son état piteux, jurerait combien son Dieu est cruel.
Cette évocation me parut libertine au possible.
Je fus surpris de ma propre ingéniosité en la matière.
Au seul contact du marquis du Picquet-de-la-Motte, je progressais déjà...
Je me rinçai les doigts dans une barrique de pommes et pressai le pas.
Il était temps d’aller rejoindre mon professeur.
Je poussai la porte de l’auberge en me tenant sur mes gardes.
Je m’attendais à refaire le héron ou, pire encore, à me faire refaire le portrait lorsque je découvris le spectacle hallucinant qui se présentait à moi...
Le marquis du Picquet-de-la-Motte trinquait en compagnie d’un second vieillard libertin.
En m’approchant de la table, sur laquelle s’étalait une pléthore de plats recouverts de pluches et de plumages, je discernai mieux cet autre gentilhomme.
Autant le marquis du Picquet-de-la-Motte était petit et sec, autant son compagnon était grand et adipeux.
— Notre jeune botaniste revient du bocage! s’exclama cet inconnu sans autre manière.
— À défaut de déflorer, il défolie..., ajouta le marquis du Picquet-de-la-Motte.
Aux rires épais, je répondis d’une salutation du chapeau énergique, très dans le vent à Versailles.
— Ne vous formalisez pas et venez plutôt vous joindre à nous, dit le marquis du Picquet-de-la-Motte en séchant ses larmes. Vous n’allez pas croire à notre veine... J’entrais juste dans cette divine auberge lorsque, par le plus grand des hasards, je tombai sur mon immense ami, le marquis de Rollin-Ledru.
Si le marquis du Picquet-de-la-Motte s’était présenté au concours du gentilhomme le plus laid de l’univers, je crois qu’il aurait été battu d’un cheveu gras par son ami Rollin-Ledru.
Je vous assure que la langue française n’a pas assez de mauvais poils à son blaireau pour en brosser le tableau.
Pour ne pas complètement vous décevoir, j’emploierai le terme de hideux hilarant, dont le contrepet approximatif de hareng huileux convient tout aussi bien.
À la vue du jaune plombé qui l’habillait de pied en cape, je me demandai si le triste sire ne s’était pas baigné tout habillé dans un bain de cérumen.
Il sentait fort le beurre rance.
— Émile Milon, marquis de X..., lui dis-je, en me présentant à mon tour.
— Mon ami Lamotte m’a déjà tout raconté, répondit le noble cireux. Fuyant les peines de la capitale, vous cherchez, au contact du libertin, à faire bonne école et à ce que cette instruction, en privé, oblitère vos chagrins amoureux.
— Je l’espère, oui.
— Cessez aussitôt!
— Cesser?
— Cessez d’oublier vos tourments. Il ne faut rien omettre dans ce monde. Les souvenirs misérables sont un pur délice... Les pensées douloureuses, une immense joie.
— Mais non, mon cher Ledru, je ne puis être de votre avis, intervint le marquis du Picquet-de-la-Motte. Il faut tout oublier, toujours et pour toujours. L’homme libre ne doit pas s’embarrasser d’un passé. Il fait table rase, chaque matin, des images de la veille. Une liberté totale de l’esprit ne s’encombre en rien des leçons d’hier.
— Lamotte, vous déraisonnez! Ce sont façons de lunatiques et d’attardés mentaux à qui on apprend, un jour, à enfiler leurs chausses qu’ils l’oublient le lendemain, paradant pareils à des sots sans-culottes, tout juste accoutrés de leurs carmagnoles. Non, ça n’ira pas! La mémoire est bien l’égout de la pensée. Pataugeons-y! Barbotons parmi les étrons du souvenir!
— Nenni! Nenni! s’enflamma le marquis du Picquet-de-la-Motte. Chassons à grandes eaux ces pensées qui bouchent notre esprit. Des horreurs, nous en voulons des bien fraîches.
Il fallait que j’intervienne dans ce débat qui ne semblait aboutir.
— Je suppose que vous avez chacun raison à votre manière..., leur dis-je. Je veux, chaque matin, oublier combien ma bien-aimée me fait souffrir mais, à vouloir l’estomper, je grave plus profondément son visage. En voulant la chasser de mon esprit, je l’invite dans mon cœur.
— Ce jeune homme est plein de raison, Lamotte. À coup sûr, nous en ferons l’un des nôtres. Est-il au moins baptisé?
— J’ai été baptisé à l’abbaye des Trois-Soeurs par deux jésuites et un oratorien.
— Jeune blasphémateur, je vous parle du baptême libertin...
— Un baptême libertin?
— L’orgie! La bacchanale!
— Dans ce sens, non, je n’ai pas été baptisé.
— Alors, venez chez moi... Je vous invite tous les deux et je vous promets une débauche sans égale. Et vous, mon jeune ami, je serai votre parrain car, de tous les libertins de France, je suis le plus grand.
— La marraine, à la limite, argua le marquis du Picquet-de-la-Motte. Le parrain, ce sera moi, car, je le dis tout haut... De tous les libertins d’Europe, je suis le plus grand.
— Allons, ne nous fâchons pas de si bonne heure, trancha le marquis de Rollin-Ledru. Laissons ce jeune homme choisir lequel d’entre nous le portera sur les fonts baptismaux du vice. Et que la fesse commence...
Voyant à peine éclore la fleur de son âge, il n’existe rien de plus exaltant que d’être accepté dans une confrérie d’anciens.
Jusqu’à présent, j’avais eu très peu d’amis.
Mon éducation s’était faite au contact de prêtres, précepteurs précieux et prétentieux qui prédisaient par prétéritions mes prévarications prévisionnelles.
Quant aux camarades de mon âge, triés sur le volet par mes parents, ils se comptaient sur les doigts d’une main d’un bûcheron maladroit.
Olivier, de son petit nom, était un demeuré, au demeurant inoffensif, qui passait le plus clair de son temps à tirer sur son pantalon et à se gratter les cheveux.
À moins que ce ne fût l’inverse...
Les seuls moments pendant lesquels mon compagnon d’ennui s’animait d’un peu de vie étaient lorsque ma sœur aînée entrait dans la pièce.
Le garçon se transformait alors en âne au point d’en imiter parfaitement les sonorités tout en exhibant d’immenses dents jaunes pourries par trop de sucre.
Il n’était intéressant pour notre famille qu’en raison de son père qui avait fait fortune en distillant de la canne à sucre tout en disciplinant, de la canne, des nègres.
Ces deux bons vieux marquis libertins étaient les premiers hommes avec qui j’aurais des conversations d’égal à égal.
Je sentais une émancipation de ma part à laquelle j’avais toujours aspiré.
Je ne regrettais plus d’avoir subtilisé un de nos carrosses et de m’être enfui par les routes.
Que pensaient mes pauvres parents à cette heure?
Me pleuraient-ils?
Me réprouvaient-ils?
Ou bien, indifférents à mon sort, s’étaient-ils contentés de dénoncer mon larcin à la maréchaussée?
Ah, ils pouvaient toujours me chercher longtemps...
Ils n’auraient jamais l’idée que, déguisé en libertin, j’aie pu m’enfoncer en Bretagne, au cœur même des ténèbres.
Certain, quoiqu’il advienne, d’être libre, j’étais enfin le maître de ma jeunesse et de mes folles ambitions.
C’est un grand tort des parents de ne pas laisser s’enfuir les jeunes hommes dès qu’ils le désirent.
Qu’ils rompent toutes attaches et qu’ils aillent trouver la bonne aventure.
Ils n’en reviendront que plus forts et plus entreprenants...
En tout cas, ceux qui reviendront.
J’eusse volontiers pris un petit-déjeuner même arrosé de thé à la menthe mais mes deux pédagogues tenaient absolument à débuter mon instruction sur-le-champ.
À la mention de notre confrontation, la veille au soir, avec le tenancier de l’établissement, le marquis de Rollin-Ledru nous assura qu’il n’eût point toléré ce genre de perturbations.
Nous étions ici sur ses terres et il y faisait la pluie et le beau temps.
Surtout la pluie, à en voir les nuages...
Je n’insistai pas, ignorant les cognements sourds qui s’élevaient de la cave à cidre.
Quant au poney, il m’assura qu’il avait été acheté pour divertir ses nièces.
Les parents, très au fait de sa réputation de libertin, s’étaient bien abstenus d’envoyer leurs enfants grimper pareil animal.
Devenu inutile, le robuste poney avait survécu des années, à l’abandon.
Pas étonnant qu’il fût heureux de prendre le large...
Nous nous retrouvâmes tous les trois dans le somptueux carrosse du marquis de Rollin-Ledru qui présageait agréablement des fastes à venir.
Autant mes compagnons étaient repus et reposés, autant j’étais affalé et affamé.
Je m’enfonçai dans un assoupissement assouvissant où je rêvai de soupe aux souchettes.
De leur côté, mes deux compagnons philosophaient, passe-temps stérile de l’élite française qui fait de notre nation un peuple de rouspéteurs à la Rousseau.
En lutte avec Morphée mais désireux de rester poli, je me frottai les paupières à me les arracher...
Je mordis sept fois ma langue dans la bouche.
Je bâillai comme à une tragédie de Corneille.
Devant ce sommet de somnolence, mes compagnons abandonnèrent l’épicurisme de l’horripilant Horace et voulurent entendre mon histoire.
La leur raconter serait encore le meilleur moyen de rester éveillé ou bien de les endormir.
— Voyons, fis-je, cherchant un bon début et le trouvant dans ma naissance... Je suis né à Paris, le fils d’une des plus grandes fortunes de France.
— Je vous arrête tout de suite, dit le marquis de Rollin-Ledru. Vous êtes le fils d’une fortune? Votre mère s’appelle Fortune? Une grande femme? Une femme immense?
— Pardonnez-moi, je précise... Ma mère s’appelle Émilie et mon père Milon, et je suis Émile Milon de X.
— Et la fortune? poursuivit-il.
— Elle est faite..., répondis-je, pas peu fier.
— Attention, je ne suis pas médecin, mais ne faites pas contre bonne fortune mauvais cœur.
— C’est qu’à l’idée d’une bonne fortune, les oreilles du libertin se dressent, me précisa le marquis du Picquet-de-la-Motte.
— Vous faites cela avec les oreilles à présent? railla le marquis tournesol.
— Tout âne que vous êtes, vous devriez peut-être essayer!
— Vous me cassez les poids, espèce d’anagramme!
Les libertins ont tendance à embrouiller le plus clair des propos et à divaguer dans une mer de sarcasmes.
Il suffit de laisser passer la tempête sous ces crânes crapuleux.
Un bon quart d’heure plus tard, je repris ma biographie...
— Les richesses accumulées ont littéralement été faites sur le dos des esclaves transportés d’Afrique vers les Amériques.
— Négriers? questionna le marquis du Picquet-de-la-Motte.
— Notre famille possède le monopole royal de la fabrication de leurs chaînes.
— Excellent, vous redonnez tout son sens à la chaîne alimentaire!
— Ah, les plaisirs de la chaîne haute-fidélité!
— L’affaire prospérant, repris-je, le catalogue s’est augmenté de fouets de toutes tailles, de potences en tous genres... De brodequins, de tenailles, de poires d’angoisse... Enfin, toute une multitude d’engins de torture... Le bureau d’études est mondialement réputé. Nous sommes particulièrement fiers de la négrillette.
— La négrillette?
— Éclairez-nous, m’encouragea le marquis du Picquet-de-la-Motte.
— Eh bien, vous n’imaginez pas le nombre de ces esclaves femelles qui enfantent durant le périple... De ce fait, on rivette la négrillette au nouveau-né qui demeure ainsi enchaîné à sa mère. C’est un fer éducatif qui prédispose le nourrisson à sa condition future... Les jeunes mamans sont enchantées.
— Est-ce bien économique?
— Un enfant en bas âge ne pourrait s’enfuir...
— Vous n’imaginez pas la taille des rongeurs à bord de ces navires. On dépose un instant un poupon sur le pont qu’il disparaît aussitôt, emmené dans les mâchoires d’un rat raciste.
— Un rat d’Amérique est forcément à la taille du pays...
— Pourquoi diable envoie-t-on tous ces nègres dans ces pays de sauvages? s’enquit le marquis de Rollin-Ledru. La France a un énorme besoin d’esclaves... Rien que chez moi, je devrais en avoir une grosse. On ne trouve plus personne pour se faire fouetter.
— Surtout que le nègre est extrêmement lascif, précisa le marquis du Picquet-de-la-Motte. Ah mes amis, entre fouet et fornication... Ce serait Fort-de-France!
— Allons aux Amériques et tant pis pour la France... À nous le pays aux possibilités illimitées.
— Les maladies honteuses y règnent en maître, leur dis-je pour les calmer. Les esclaves sains sont décimés par leurs propriétaires malsains... Raison pour laquelle le marché est si florissant.
— Bah, rien n’est assez honteux pour notre plaisir... Nous n’en ferons pas une maladie...
— Mais taisez-vous, Lamotte! Laissez notre jeune ami poursuivre... Allons, donnez-nous tous les détails de votre vie au milieu d’une fabuleuse richesse.
— Ma foi, il s’agit d’une existence oisive assez banale. Nos moindres caprices étaient exaucés. Rien n’était trop beau ou trop cher.
— Les enfants pourris me réchauffent le cœur...
— Pourtant, entouré par une telle débauche de biens matériels, j’ai fini par en perdre le goût. Je rêvais de devenir un poète ou un grand romancier. Je m’appliquais un peu aux lettres. J’ai déjà fait publier un mince ouvrage mais je n’ai pas encore eu le succès que réclame ma vanité.
— Il faut écrire de la fesse! s’enfiévra le marquis de Rollin-Ledru. C’est l’unique genre qui se vend... Les Français ne veulent lire que des histoires de porcheries où le verrat roturier, ayant asséché ses escarcelles au contact de la noble truie, discourt sans fin de la condition porcine.
— Je ne suis point d’accord, Ledru... Les Français sont des illettrés et des paresseux. De l’ouvrage, ils ne regardent que les gravures. À votre place, je ne me fatiguerai pas du texte, je publierai un portfolio composé uniquement d’un ruban de dessins.
— Des dessins obscènes, bien entendu...
— Je ne sais pas dessiner, répondis-je.
— Engagez l’un de ces Italiens exhibitionnistes qui défigurent, al fresco, les portes de nos lieux publics... Votre succès est assuré.
— Mais parlez-nous plutôt de vos histoires de cœur, interrompit le marquis du Picquet-de-la-Motte. Qui est donc cette jeune personne qui vous tourmente?
— Il s’agit de la fille d’un esclavagiste des Antilles... Elle se nomme Isabelle, marquise de Y. Devenue pupille de mon père, suite à une insurrection insulaire, elle demeure, depuis, chez nous. À peine l’eus-je aperçue, que j’en tombai fou amoureux... Je n’ai cessé, depuis, de déclamer mon amour en chansons, en cantiques, en complaintes, en fables, en hymnes, en rondeaux, en sonnets, en pantoums, en odes et en odelettes. Elle écoute volontiers mais ne répond pas.
— Elle est peut-être sourde...
— Par manque de cornet, elle en devient cornette...
— Elle possède tous ses sens, précisai-je, ce n’est que son amour qu’elle m’interdit.
— La sorcière! s’écria le marquis de Rollin-Ledru. Elle vous a jeté un bien mauvais sort... L’enflammeuse devrait être enflammée.
— Elle a juste besoin d’être bûchée... Touchez à son bois, elle vous fera des flûtes...
— Ah, la délicieuse musique de chambre!
— Chambre ardente!
— Je ne souffrirais point qu’on lui fît du mal, intervins-je.
— Vous êtes un libertin à présent, mon garçon... Tout vous est égal tant que vous y trouvez du plaisir.
— Euh, oui… C’est bien vrai.
— Vous vous y êtes mal pris, m’instruisit le marquis du Picquet-de-la-Motte. Une variété de chansonnettes n’est nullement le moyen de briser l’hymen... Vous avez besoin que vos aînés vous montrent l’exemple. Sans forfanterie aucune, il n’existe pas une seule femme sur cette terre qui puisse résister à mes avances.
— Vous parlez de moi, Lamotte! Je suis le Don Juan des temps modernes.
— Le Don Quichotte des temps révolus!
— Eh bien, vous le verrez de vos yeux, sacrebleu! Je propose que notre ami fasse venir cette jeune personne chez moi. Je vous montrerai de quelle manière elle succombera à mes charmes.
— Ce sera aux miens!
— C’est que…
— Pas de réticences, jeune homme... En épousant le libertinage, vous enfanterez la revanche en instiguant à la corruption de votre Chimène... Je vous promets que, le moment venu, nous vous laisserons cueillir les fruits défendus qui aiguisent tant votre appétit.
J’avais lu un livre avec un sujet similaire qui m’avait particulièrement bouleversé l’esprit.
L’expérience de ces vieux renards pourrait bel et bien déclencher chez Isabelle une réaction inverse à mon égard.
— L’idée est tentante..., annonçai-je.
— Excellent! Je crois que nous allons bien nous divertir.
— Il ne sera pas aisé de la faire venir, précisai-je.
— Creusez-vous la tête, il existe toujours un mensonge qui sonne plus vrai que les autres. Jouez de cette fausse corde et vous la verrez accourir en dansant. Nous interpréterons toutes les duplicités que vous pourrez imaginer... Car, avant tout, nous sommes, Lamotte et moi-même, des acteurs nés.