Nez Grillé - Chapitre 16
Nez Grillé - Chapitre 16
Ayant pris du retard sur l’horaire de notre départ, la population à peine réveillée de Savannah se rassembla sur le port aux nouvelles des singuliers préparatifs.
Dépouillés de nos suaires, nous n’inspirions que la triste vérité d’un équipage de nègres loqueteux commandés par un capitaine blanc, fou furieux et Français de surcroît.
L’armée coloniale n’allait pas tarder à surgir pour emprisonner toute cette racaille.
Mais, en attendant le spectacle d’une justice sabre au clair, la population se contenta d’observer du quai notre remue-ménage.
Cette retenue était provoquée par ma seule présence sur la dunette car il faut comprendre que, pareil à une église qui offre l’asile, le pont d’un navire est un lieu sacré où seul le capitaine officie.
Quant aux agnostiques marins, plus terrestres, s’imaginant que j’étais le juste propriétaire de la Proserpine, ils hésitaient naturellement à violer ma propriété privée.
Pour passer le temps, les curieux s’engagèrent dans un débat houleux.
L’idée que des esclaves puissent retourner chez eux enflammait les imaginations.
Ne pouvant prétendre porter précisément leurs propos, je prononce pourtant qu’une partie principale de la population, probablement trop pauvre pour prétendre à la plus petite propriété, applaudissait au départ de paresseux, parasites de leur pouparde patrie.
La faible fraction, favorisant les fondements d’un foncier fédérateur, fâchait ces farfadets fallacieux.
Sans faribole, si toute terre était inévitablement la propriété d’un blanc, il en allait de même pour le nègre qui la foulait.
La France, incapable de commercer avec responsabilité, le postérieur éternellement entre deux chaises, et dont j’incarnais les incertitudes, se joignait tour à tour aux deux camps.
Dans le fond, le nègre, nous le désirions à la fois libre et enchaîné et, peut-être que dans l’avenir, nos rois inventeraient une véritable politique africaine à la française en enchaînant les nègres chez eux.
Les arguments venant à manquer, la foule exaltée en vint aux mains.
Vite éreintés, unanimes à penser que tout ce désordre, comme d’habitude, était de la faute des nègres, les Savannais nous arrosèrent de détritus aux cris contradictoires de:
— Nigger, go home! (À la maison, le nègre!)
— Nigger, come home ! (À la maison, le nègre!)
La pluie de fruits et de légumes fit un baptême peu agréable mais les moins pourris feraient une soupe fort goûtée.
J’en étais à ramasser des salades lorsque je vis, se frayant un passage à travers les revendications, Isaac Berger qui me saluait du quai. Bravant les tubercules, je m’approchai du bastingage.
— Cher capitaine Garret, s’exclama-t-il tout guilleret, je vois que vous avez déniché l’équipage le moins onéreux possible!
— Je compte surtout sur sa fidélité.
— Ne partez pas! Votre avenir est ici! Vous montrez tant de science dans les affaires que vous finiriez par devenir l’homme le plus riche de ce pays.
— La fortune ne m’intéresse plus!
— Que recherchez-vous?
— La liberté.
— Nous sommes aux États-Unis d’Amérique, pays de la libre entre-prise et du libre-service!
— Le pays du travail à la chaîne!
— Eh bien, sachez que je suis bien triste de vous dire adieu. Acceptez ce modique présent en reconnaissance de votre confiance.
Le petit homme me jeta une boîte vernie qu’un noir plus adroit rattrapa pour mon compte.
Brisant le cachet d’un ongle, j’y découvris des cigares sur deux rangées.
— Merci de tout cœur, sieur Berger! Je les fumerai à votre santé!
— Merci à vous, capitaine, car vous m’avez offert le plus grand des trésors de la terre.
Me remémorant les sphères d’or, je blêmis.
Avait-il déjà percé leur mystère?
Diable, que ces gens étaient malins.
— Ah, bon? demandai-je, irrité.
— Un nouveau fils!
D’un élan, le petit homme éleva sur un tonneau le jeune neveu de Martin la fouine.
Étincelant dans ses habits neufs, l’enfant me toisa de son indifférence péremptoire.
— Grâce à vous, nous partons rejoindre son demi-frère à New York, exulta Isaac Berger. Nous avons de grandes idées... Savez-vous que le petit Jean fait un excellent tailleur?
— Ce garçon fera honneur à votre grande famille. Prenez-en soin!
— Ne craignez rien, capitaine. Sachez que ses petites mains sont entre de bonnes.
— Alors, elles seront heureuses!
Les amarres larguées et les légumes épuisés, la Proserpine s’ébranla —enfin!— dans la clameur générale.
J’agitai mon mouchoir à la fois pour les saluer et pour m’essuyer le visage du jus de betterave.
Isaac Berger leva ses bras au ciel.
Pour parachever cet émouvant adieu, le petit Jean ouvrit exceptionnellement la bouche pour me saluer d’un cynique:
— Bon vent, Diogène!
Les bras m’en tombèrent.
Passant la bouche du port, et refermant la mienne encore toute bée, je tremblai en admirant la matoiserie de cet enfant.
La force des hommes est bien dans leur silence.
Absorber le savoir, non point pour se précipiter dans sa récitation, mais pour lentement l’assimiler.
À vouloir barrer trop vite son destin, on s’échouait.
À attendre patiemment le bon vent, on gagnait la haute mer.
Ces méditations nautiques provoquèrent en moi une envie irrésistible de fumer.
Extirpant un cigare du coffret, je dégageai fortuitement une cavité dans la rangée inférieure.
L’espace était habité d’un petit nid de coton où couvaient mes deux sphères.
Sans hésiter, je m’en emparai, à la fois courroucé et comblé de les avoir retrouvées.
Incapable de m’en débarrasser, j’étais condamné à subir leur bénéfique malédiction.
Me protégeaient-elles ou me maudissaient-elles?
Isaac Berger, avait-il ressenti leur pouvoir cabalistique néfaste ou croyait-il me faire plaisir?
Toutes voiles dehors, nous prîmes hâtivement le large.
Dressé sur la dunette, fumant mon cigare, roulant mon trésor sous mes doigts, je ne distinguai des bâtiments à l’horizon le moindre vaisseau de guerre.
Je ne sais à quelle ruse la fille du lieutenant Forrester avait eu recours pour ralentir les troupes paternelles mais elle fonctionna magistralement.
Diable, quelle femme!
À voir la côte s’amincir entre ciel et mer, j’eus un dernier pincement au cœur en repensant à ma belle abolitionniste.
Rien n’était simple dans mes relations avec le beau sexe et, que ce soit en France ou en Amérique, l’amour des femmes combiné à mon amour-propre instiguait invariablement à la fuite.
Je n’avais point oublié Odile mais, depuis ma liaison scandaleuse avec la Mort, son souvenir s’était estompé.
Sans autre ambition que de racheter mon âme, cette union me semblait dorénavant vaine.
J’avais grandi et, dans mon esprit, Odile demeurait une enfant.
Réclamer sa main n’était que caprice.
Le départ de notre mât d’une mouette, attachée à sa terre, imagea le terme de mes prétentions.
Nos destins se déliaient.
Adieu, Odile!
Essuyant la mélancolie de mes yeux, je préférai me concentrer sur le présent en étudiant, en anthropologue suspicieux, les façons fascinantes de mes africains-américains.
Malgré un désordre amusant durant les manœuvres, les nègres, y compris les femmes, s’activaient en matelots enthousiastes.
Aux cris foudroyants d’un dénommé Washington, affublé d’un tricorne trop petit pour son énorme crâne et auto proclamé premier maître, d’ailleurs le seul à bord instruit de rudiments de navigation, les équipiers répondaient énergiquement.
Ses ordres, formulés dans une langue mystérieuse teintée d’anglais, s’accompagnaient d’une gestuelle mimique désopilante.
Avec certitude, la perspective d’un retour au pays gonflait ces gens, à l’instar de nos voiles, d’un puissant souffle.
Ils ne cessèrent de chanter à longueur de jour.
Conscient que je n’avais rien à dire ni rien à faire, je préférai les laisser entre eux.
Je ne m’étais point encore accoutumé à leur présence et je leur trouvais, malgré la bonhomie et l’entrain, les traits effrayants.
Ils avaient compris, noblesse oblige, que les chambres des officiers et la grand-chambre m’étaient réservées.
On ne nommait point l’arrière de pareil bâtiment «château» pour rien!
Attablé devant le bol de soupe déposé au préalable devant ma porte par l’un de mes domestiques nègres, je retrouvai la solitude dans cette géhenne passée, depuis récurée.
Réfléchissant à mon avenir, je conclus que ce voyage était propice à un nouveau commencement.
Encore un!
Pour un jardinier de l’esprit, encore en apprentissage, l’Afrique m’apparut un horizon idéal.
Débroussailler, défricher, essarter pour m’enfoncer, m’engouffrer, me perdre loin, très loin, au-delà de la savane jusqu’au cœur des ténèbres!
De grands rêves vaniteux m’emplirent la tête.
J’eus l’ambition de découvrir les mystères du continent noir, la source du Nil ou encore les temples légendaires des Pygmées géants. L’Afrique deviendrait une quête effrénée.
À la recherche d’une nature vierge, gardienne des secrets de l’aube de l’humanité, je confirmerais ma thèse de l’existence physique du jardin d’Éden originel.
Recueillant les indices ensevelis, je démontrerais, une bonne fois pour toutes, l’inexistence de Dieu en confirmant notre lente évolution d’hommes naturels.
Réalisant que mon exploration africaine réclamait de ma part un contact rapproché avec les populations locales, je quittai timidement ma tanière pour retrouver une place auprès de mon équipage.
Peu sûr de moi, principalement à cause de mon ignorance de leurs mœurs, je me forçai de me rapprocher des nègres.
Pouce par pouce, pas à pas, je finis par descendre sur le pont.
Ces curieux Africains, d’une corpulence élancée et musclée, n’hésitaient pas, malgré le temps ensoleillé, à exposer leur funeste peau.
D’un teint laiteux tirant sur le blafard, je craignais, tout comme mes contemporains, que l’astre brûlant me calcine.
En outre, le naturel et l’impudeur de ces gens ne cessaient de me fasciner.
Remontant joyeusement de grands seaux d’eau de mer, ils prenaient plaisir à régulièrement s’asperger le corps.
Plus tard, peut-être parce que la civilisation était loin derrière nous, quelques femmes eurent même l’effronterie d’ôter leurs chemises pour exhiber, dans l’indifférence générale, leurs poitrines charnues.
Alors que j’étais naturellement hypnotisé par ce spectacle, Washington siffla à mon intention un refrain complice tout en exhibant un sourire étincelant.
Je fuis aussitôt dans mes quartiers pour m’y requinquer.
Au fil des jours, le contact prolongé avec ces hommes et ces femmes finit par relâcher mes civilités.
J’en vins à défaire des boutons et à ôter mon jabot.
Les bottes qui emprisonnaient mes pieds furent remisées.
Vêtu d’une simple chemise et d’un haut de chausse, je laissai battre au vent mes longs cheveux.
Au large du vaste océan, insouciant, subitement en paix avec moi-même et, pour la première fois depuis longtemps, avec ma conscience, je fus pris d’un puissant sentiment de bonheur et de liberté.
Au-delà de la notion qu’aider ces pauvres gens était une œuvre humaniste, je raccommodai d’un peu de ce fil de liberté mon être déchiré.
Sans prétentions aucunes, je profitais de chaque instant de la vie pour l’apprécier.
Puis, osant grimper dans la mâture, je me réfugiais dans le nid-de-pie, non pas pour y pleurer mes finances, mais bien pour crier au monde la joie hyperbolique d’être en vie.
Que désirer d’autre que la chance de vivre éternellement au contact de ces gens admirablement libérés?
Oui, la liberté est bien notre plus grand trésor.
Qu’existe-t-il de plus valeureux dans nos existences que ces brefs instants où, débarrassés de nos dieux et de nos maîtres, nous culminons?
Pourrais-je vivre autrement?
Frémissant à la pensée qu’un jour je retrouverais la ville et son monde, obligé de me costumer, de paraître, de saluer, d’obéir, de sceller mes propres chaînes, j’avais le désir impérieux de m’envoler dans la félicité.
Halte!
Assez!
Qu’osais-je réclamer?
Oui, elle était bien là ma vérité préface.
Vous venez de la relire.
Ayant goûté à la liberté, il en réclame encore!
Nous souffrons car nous arpentons le globe en êtres inassouvis.
Ayant goûté au sucre, nous en réclamons encore.
Ayant goûté à la fortune, nous en réclamons encore.
Interposez dans cette construction de phrase le plaisir qui est le vôtre et vous lirez votre inconstance.
Mais, je n’allais pas désespérer.
L’homme à venir, apprenant à savourer l’instant, à se dominer, parviendrait inéluctablement à la sagesse mais, cette maturité, avant d’être atteinte collectivement, devait être partagée par chacun des hommes et des femmes qui habitaient notre planète.
Perché sur mon mât, je vis au loin le jour où l’être humain, maître de lui, respectueux des libertés des autres, se détacherait de la protection des gouvernants.
Incapable de faire la guerre, de commettre un crime, de jalouser, de haïr, il n’aurait plus besoin d’armées, d’étendards et de rois.
Acceptant son frère, blanc ou noir, ses pensées et ses mœurs, il n’aurait plus besoin de religions, de croyances et d’ethnies.
Tel était notre avenir et, en microcosme, la Proserpine inspirait par l’exemple cet incroyable futur.
Ne soyons pas naïfs!
De nos vies, même si vous lisez ces pages après la mienne, vous ne témoignerez de ce monde idéal.
Dix mille ans encore n’y suffiront point!
Mais, pour le sage qui sait patienter, un million d’années ne représentent rien car il possède la certitude que nous évoluons.
L’homme d’hier suscite notre indignation tout autant que nous la susciterons chez celui de demain.
Regardant toujours plus loin, je compris que la liberté n’était point celle d’un homme à l’état sauvage mais d’un nouvel état de l’être.
Cette liberté du sage nous détacherait intégralement de nos instincts naturels.
Cette condition nous éludait car le primate en nous était par trop présent, mais je vis à l’horizon mon descendant.
Il était fort différent.
Il avait la peau sombre.
Il était immense, mesurant le double de ma taille.
Il jouissait d’un physique soutenu où trônait une boîte crânienne d’un volume confondant.
Sage depuis une éternité, instruit d’une parfaite compréhension de l’univers visible et invisible, capable de contrôler le moindre nerf de son organisme, il guérissait ses maux par la pensée.
Tourné exclusivement vers l’agrandissement de son esprit, il se contentait de la nature foisonnante, sachant s’en nourrir sans jamais en abuser.
Impuissant à tuer un être vivant, il se régalait des fruits qu’elle lui offrait généreusement.
Capable de prescience, capable de communiquer avec ses semblables par l’esprit, il savait même transmettre sa pensée, à travers l’infini de l’éther étoilé, jusqu’à ses frères des mondes extra-terrestres.
Les jours de bonheur se succédèrent et je ne comptais plus le temps.
Je me levais selon mon goût.
Je m’alimentais à même le plancher du pont où, membre du grand cercle de mes passagers, j’avalais en usant de mes doigts de grandes pincées de riz épicé saupoudré de miettes de poisson séché.
Rassasié, moi aussi je me mis à chanter.
Fort mal, je dois l’admettre.
Je tapais dans mes mains à contre-rythme et je dansais sous les rires de tous.
Me libérant de tout jugement, surtout du mien, je me liais, enchanté, à la farandole.
Lors d’une douce nuit étoilée, tandis que je rêvais éveillé, bercé de la béatitude de l’homme comblé, concluant combien la Proserpine, au gré des hommes qui l’habitaient, pouvait s’apparenter au paradis ou à l’enfer, je sentis une présence rôder autour de ma chambre.
J’eus d’abord peur craignant, par je ne sais quelle sorcellerie, le retour du fourbe enfant.
J’eus plus peur encore en reconnaissant la silhouette d’une femme de l’équipage, une jeune négresse, longuement observée depuis notre départ, qui m’inspirait une émotion grandissante.
Tétanisé, envoûté par mon serpent, je la fixai craintivement.
Le plus naturellement du monde, elle vint s’allonger contre moi.
Dans l’obscurité de ma tanière, à bord de mon Éden flottant, elle m’offrit sa liberté et j’en vins à oublier notre globe.
Capitaine de notre vaisseau des étoiles, nous traversions alors l’éther des astres dans un doux voyage éternel.
Plus tard, dans la moiteur de la nuit, détaillant l’anatomie du tendre corps de mon Ève endormie, j’eus le désir de devenir Africain et de quitter à jamais le monde avide de mes pères.
Je devine, chers lecteurs, vos visages choqués, offusqués, révoltés par mon comportement diabolique.
Ne jetez point hâtivement mon ouvrage dans votre âtre mais imprégnez-vous de l’infini marin, du vent du large et des étoiles.
Prisonnier de votre chaumière, ne jalousez-vous pas ma liberté passagère?
N’est-ce point pour vous évader que vous lisez mon ouvrage?
Chaque journée fut un enchantement, chaque nuit un émerveillement.
Imitant mes compagnons, j’en vins à ôter jusqu’à ma chemise pour exhiber, volontairement, mon torse trop longtemps voilé.
Ma peau se mit à rosir puis à rougir irrémédiablement.
Ma prévenante compagne appliqua aux pires endroits un onguent assouvissant.
Le baume accéléra ma négritude mais, nonobstant ce traitement, mon nez écarlate ne cessa de peler.
Un nez grillé!
Je ne pouvais que m’en amuser.
Un matin, tandis que je mesurais mentalement l’infini probable des cieux, un cri alarmé me tira de ma science.
La présence d’une voile devant notre horizon ébranla notre oisiveté.
M’emparant de la longue vue, je fus soulagé de voir flotter au sommet de son mât le bleu à croix blanche d’un français marchand.
L’allure rebondie du navire, son tonnage et le faible nombre de bouches de canons, m’assura que ce n’était qu’un négrier en chemin vers les Amériques.
Sous un vent difficile, nous espérions le garder à distance lorsque, à plusieurs lieues sur notre bâbord, nous ayant immanquablement aperçu, il changea de cap et fonça droit sur nous.
Diable, le vaisseau fou semblait vouloir nous éperonner.
Il s’approcha tant que je pus observer les officiers austères, tout habillés et perruqués, qui commandaient cet équipage de charognards. Doublement agités à la vue de nos mines sombres, ces nouveaux arrivants ne présageaient rien de bon.
Washington devina ma crainte.
Chacun à son poste, il ordonna la fuite mais, dans pareilles circonstances, nous étions incapables.
Notre agresseur manœuvra fort habilement pour à la fois nous couper le vent tout en nous prenant de flanc.
Ces sauvages, armés de mousquets, de haches et de pics comptaient à présent nous aborder.
De mon porte-voix, j’eus beau leur ordonner de s’éloigner, rien ne détourna ces pirates.
Déterminé à me battre pour mon navire et ma liberté, je me précipitai dans la grand-chambre pour y quérir un pistolet.
Malheureusement, aucun n’était chargé.
Piètre avec des armes à feu, comme vous le savez, je me contentai d’un tout petit sabre.
Réalisant que les sphères d’or dans ma main gauche m’encombraient, je les avalai sans hésiter.
Je retournai à toutes jambes vers le pont lorsque je compris, aux cris affolés des miens, que ces affreux étaient déjà à notre bord.
Je jaillis, prêt à occire tous ceux qui tomberaient sous ma lame lorsque, le sort s’acharnant à remodeler mon crâne, je reçus d’un inconnu un violent coup sur le haut de la tête.
Je sombrai dans l’injuste nuit des victimes.